Une mission parlementaire a été ouverte récemment pour étudier l’enjeu industriel et technologique du renouvellement des deux composantes nucléaires. Cet enjeu comprend des éléments comme l’emploi, la recherche, aussi la vente d’armes. Même si nous ne soutenons pas une économie et une politique qui cherchent à résoudre les conflits par la force militaire, elle existe et il nous incombe d’en tenir compte. L’accord récemment signé avec l’Australie relatif à la construction de plusieurs sousmarins confirme d’ailleurs la vitalité de l’industrie française dans ce secteur.
Le renouvellement des composantes nucléaires présente alors des intérêts et des opportunités particuliers. Conçus spécifiquement pour porter les armes nucléaires, les sousmarins SNLE ont le désavantage de ne pas pouvoir être vendus pour des raisons naturelles de défense nationale. Ils imposent un investissement important, sans pour autant être capable de générer un retour économique.
En posant la question s’il est possible d’orienter notre industrie vers le développement de sousmarins polyvalents, nous proposons de découpler le renouvellement des sousmarins de celui des vecteurs et des plateformes de lancement.
Grâce à une meilleure répartition entre ce qu’on peut vendre et ce qu’on ne peut pas, l’intérêt économique pourra aussi être reconcilié avec les évolutions internationales récentes qui proposent, à travers le débat sur la dimension humanitaire des armes nucléaires et de la sécurité des états nationaux, de repenser la dissuasion nucléaire. Cela permettrait en effet de repousser à une date ultérieure une décision sur l’intégration des armes nucléaires mêmes, en vue des engagements de la France dans le cadre du Traité de Non-Prolifération et d’une élimination de plus en plus urgente des arsénaux nucléaires mondiaux.