Tous les articles par Nicolas Delerue

Conséquences des essais nucléaires : les atteintes génétiques chez les petits-enfants

Un communiqué de l’Observatoire des Armements (http://obsarm.org/):

Depuis plusieurs années, nous alertons sur les atteintes aux enfants. L’étude — Les conséquences génétiques des essais nucléaires français dans le Pacifique, chez les petits-enfants (2e génération) des vétérans du CEP, et des habitants des Tuamotu Gambiers — conduite par Christian Sueur que nous diffusons aujourd’hui, apporte des éléments issus d’observations cliniques, d’examens complémentaires et d’un important travail de recherche.

Le rapport — disponible sur notre site—, est une « conclusion d’étape » d’un projet de recherche élaboré à Tahiti au sein de l’unité de pédopsychiatrie du Centre hospitalier de la Polynésie française qu’il dirigeait. Un projet conçu avec Bruno Barrillot, co-fondateur de l’Observatoire des armements, et l’association polynésienne Moruroa e tatou.

En effet, 52 ans après le premier essai nucléaire et 22 ans après le dernier, les populations algérienne et polynésienne, comme les personnels, subissent toujours les conséquences sur leur santé et leur environnement et restent sans réponse crédible sur les risques auxquels ils ont été exposés. Eux et les générations suivantes.

« Si ce travail nous a apporté une certitude, c’est bien celle‐ci, toujours la même : la France n’assume pas l’héritage toxique de ces expérimentations nucléaires, et elle utilise toujours son armée, pour continuer de cacher au reste de la population de la République, ce qu’il en est réellement de ces complexes questions sanitaires, qui impliquent également la question du nucléaire civil, en métropole. »

Nous partageons ce constat et faisons nôtre les principales recommandations du docteur Christian Sueur notamment :

— de mettre en place un «  Observatoire des pathologies radio-induites » ;

— de réaliser des études épidémiologiques sérieuses et transparentes…

« La Bombe et Nous », sortie nationale en salles le 1er novembre

 Nous avons déjà signalé plusieurs projections « militantes » de ce film-documentaire du réalisateur Xavier-Marie Bonnot (producteur Jean-Claude Bauduret), auxquelles nombre d’entre vous ont assisté et nous les en remercions.
 Ce message pour vous annoncer, pour ceux qui l’ont raté ou qui souhaitent le signaler à des amis ou collègues, sa sortie commerciale le 1er novembre au cinéma « La Clef » (Paris 5e) et ailleurs en France, certaines séances étant encore suivies d’un débat.
La liste des projections figure sur le site  http://www.la-bombe-et-nous.com  où vous trouverez aussi d’autres informations sur le film.

SYNOPSIS

Sommes-nous pris au piège de l’arme nucléaire ? Peut-on vivre sans elle ? Peut-on penser le monde autrement que par un équilibre de la terreur ? Est-elle, au contraire, un gage de paix et de stabilité ? Depuis la naissance même de l’engin ces questions alimentent les peurs les plus terribles et les discours les plus dangereux. Avec des intervenants de tous bords : militaires, scientifiques, historiens, militants, hommes politiques, ce film se propose de porter la réflexion sur l’actualité et l’avenir du nucléaire militaire.  Durée: 1h15

« Les armes nucléaires ne résoudront aucun conflit » : lettre ouverte à Emmanuel Macron

« Les armes nucléaires ne résoudront aucun conflit » : lettre ouverte à Emmanuel Macron

Trois députés Europe Ecologie enjoignent le président de la République à s’engager pour un désarmement nucléaire mondial.

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20170926.OBS5172/les-armes-nucleaires-ne-resoudront-aucun-conflit-lettre-ouverte-a-emmanuel-macron.html

Retourner le biquet

Retourner le biquet par Hervé de Truchis

Après le vote du 7 juillet de l’ONU sur l’interdiction des armes nucléaires

Il faut débattre démocratiquement de l’abandon de la dissuasion nucléaire

 

Dans le film d’Oliver Stone, Conversations avec Poutine[i], on entend ce dernier dire Nous avons beaucoup trop d’armes nucléaires, c’est très dangereux. On sait qu’Obama pensait de même sur ce sujet et souhaitait que le désarmement nucléaire se poursuive. Le 7 juillet 2017 a été adopté par l’ONU le Traité d’interdiction des armes nucléaires, élaboré par 135 états. Ce traité devrait imposer à la Nouvelle Assemblée Nationale française de le ratifier et de bannir toutes nos armes nucléaires de nos arsenaux. Le Traité interdit à tout Etat de s’engager dans le développement, le test, la production, la fabrication, la possession ou le stockage d’armes nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs. De même il interdit à tout Etat de s’engager à utiliser ou à menacer d’utiliser les armes nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs. Je pense que les armes à uranium appauvri (U238) sont comprises dans le champ d’application de ce traité au titre de dispositifs nucléaires explosifs. Le traité a été signé par 122 voix pour, 1 contre, 1 abstention.

L’origine de ces négociations remonte au 23 décembre 2016 où le vote de la résolution L41 à l’Assemblée Général des Nations Unies (AGNU) à une large majorité a ouvert la voie à une conférence ayant pour objectif la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaire en vue de leur élimination complète[ii].

Comment se fait-il qu’imperturbablement la France reste absente de ces négociations, et pire qu’elle les condamne, ainsi que les 8 autres Etats possédant des arsenaux nucléaires ? Que ce soit sous Sarkozy, Hollande et maintenant Macron, la dissuasion nucléaire, l’entretien et le perfectionnement des armes nucléaires ne sont l’objet d’aucun débat devant la représentation nationale. Bien pire, après l’adoption de ce Traité ONU du 7 juillet, la France, les USA et le Royaume Uni ont signé un communiqué commun disant que ce texte méprise clairement les réalités de l’environnement sécuritaire international. Beaucoup penseront que c’est ce genre d’ignorance des dangers du nucléaire militaire manifestée par cette réaction qui est méprisable. Pourtant quand on les interroge, les français ont un avis sur la question : en 2012 un sondage (fait à l’initiative de Mouvement de la Paix, Témoignage Chrétien, Parti Communiste Français, Gubbio) indiquait que plus de 80% des sondés étaient pour l’abandon complet de notre dissuasion nucléaire et pour arrêter de poursuivre la recherche sur ces armes et leur perfectionnement. Laisser les décisions entre les seules mains de certains militaires et de politiques (qu’est-ce que connait Macron de ces questions ?) est dangereux : nous devons donner notre avis après avoir été informés par des débats sérieux, documentés et ouverts. Nous devons réclamer ces débats.

Le président Macron, reprenant en cela son prédécesseur, a indiqué que le budget de la défense devrait monter à 2% du PIB, comme certains stratèges militaires qui affirment : avec 2% du PIB nous serons bien défendus. Comme si l’argent était le seul critère de sécurité ! Alors qu’il apparait de plus en plus clairement aux opinions publiques et à certains chercheurs que les armes nucléaires sont complètement inadaptées aux conflits actuels tout en restant très dangereuses. C’est à juste titre que le texte introductif du traité dit que les armes nucléaires ne doivent être utilisées en aucune circonstance, rejetant l’hypocrite et irréaliste excuse (à leur emploi) « sauf en cas de légitime défense ».

On peut espérer que ce traité va pousser la France à réviser complètement sa stratégie de dissuasion nucléaire obsolète, coûteuse, inefficace et dangereuse. Le projet d’augmenter de 3.5 à 6 milliards d’euro/an d’ici 2020 la modernisation et l’entretien des armes nucléaire de la dissuasion est une folie qui va contre l’histoire et la raison. La France doit ratifier ce traité sans tarder.

S’inquiéter d’un tir de missile, possiblement intercontinental, par la Corée du Nord permet au complexe militaro-industriel de maintenir la pression : il ne faut pas baisser les bras, l’arme nucléaire est notre garantie de survie (qui veut nous attaquer ?), nous place parmi les grands…et autres slogans surannés (plus commerciaux que raisonnés). Pendant que Trump fait parader ses bombardiers dans les parages des Corées… alors que personne, mais vraiment personne n’imagine une seule seconde que la Corée du Nord menace les Etats-Unis. Se rappelle-t-on que le traité de paix entre les deux Corées n’a toujours pas été signé depuis plus de 60 ans après un conflit (1.5 millions de morts), où le Nord était soutenu par l’URSS, le Sud par les USA ? Ce qui permet aux USA d’entretenir une base militaire en Corée du Sud, et donc maintient une tension inutile entre les deux régimes. Ainsi les agissements des grands dans cette région sont exactement à l’inverse d’une recherche efficace de paix.

Comparaison n’est pas raison, mais pour me faire comprendre…Quand le fromage de chèvre, le biquet, est mis à sécher dans une claie grillagée, il faut le retourner régulièrement, sinon il moisit par la base et est immangeable. La dissuasion nucléaire est moisie par sa base, trop longtemps assise sur des certitudes non remises en question. Il faut retourner le biquet.

Hervé de Truchis, 09.07.2017

Auteur de Désarmement nucléaire/urgence, la guerre nucléaire est commencée

L’Harmattan 2014

 

[i] Diffusé sur France 3 le 28 juin 2017

[ii] Voir la Note d’analyse du 12 juin 2017 de Jean-Marie Collin, chercheur au GRIP, Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité et directeur France et pays francophones du Réseau international des Parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement.